Hypnose : Amener à ressentir plutôt qu’à réfléchir
Alors que s’ouvre jeudi 27 août 2015 un congrès international sur l’hypnose médicale à Paris. Le Dr Jean-Marc Benhaiem, pionnier de l’hypnothérapie en France fait le point sur une technique de plus en pus répandue.
L’hypnose est un outil qui vise à soulager les souffrances, avec des exercices pouvant varier à l’infini, mais la guérison n’est pas certaine, explique Dr Jean-Marc Benhaiem, hypnothérapeute à l’origine du 1er diplôme universitaire d’hypnose créé en France en 2001 et qui participe à un congrès sur l’hypnose à Paris à partir de jeudi 27 août 2015.
Comment fonctionne l’hypnose ?
Dr Jean-Marc Benhaiem : Il s’agit, par des exercices, d’amener le patient à plus ressentir que réfléchir. Si quelqu’un dit que fumer est un plaisir ou un remède contre le stress, on lui propose d’élargir sa perception pour qu’il puisse ressentir que c’est aussi un empoisonnement. Pas par le savoir intellectuel – il sait que c’est mauvais – , mais par ce que ressent son corps. L’hypnose a pour but de retrouver des sensations corporelles (…) l’hypnothérapeute ne se bat pas contre la perception focalisée (le malade dit par exemple “c’est mon remède“, “c’est un anti-stress“), il suggère de rajouter d’autres perceptions (souffrance, maladie, tromperie etc…).
Comment se déroule une séance d’hypnose ?
Dr Jean-Marc Benhaiem : Une séance d’hypnose se déroule en deux étapes : il faut d’abord brouiller la perception, le raisonnement et on y parvient avec des exercices assez simples, en fixant l’attention sur un point, en ayant une voix calme. On retrouve un peu la même chose dans d’autres traditions, un bruit de gong, une musique monotone, des derviches qui tournent sur eux-mêmes… L’état de confusion ainsi créé est utilisé dans l’hypnose du music-hall où l’on voit des gens manipulés comme des marionnettes. Les hypnothérapeutes s’intéressent surtout à la seconde étape qui permet à la personne de “redistribuer les cartes”. Il faut semer suffisamment de confusion pour que la tête ne raisonne plus et qu’un autre monde s’ouvre, un monde plus large, où on est plus présent (…) Si une personne se focalise sur une souffrance, il faut la déconnecter de cette obsession.
Dans quels domaines l’hypnose peut-elle être utile ?
Dr Jean-Marc Benhaiem : L’hypnose vise essentiellement à soulager les souffrances. Elle est utile pour atténuer les douleurs aiguës (dents, accouchement, petite chirurgie, soins douloureux, piqûres). Elle peut aussi avoir un rôle dans les phobies, les troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie), les addictions au tabac, à l’alcool mais également aux jeux, les troubles du sommeil, les situations dans lesquelles quelque chose est désaccordé. La personne peut être dans une sorte d’emprise (agression, deuil, drogue), elle n’est plus elle-même. Les exercices d’hypnose ont pour objet qu’elle devienne présente à elle-même. Ce qui est un paradoxe parce qu’on pensait que l’hypnose faisait dormir, permettait de relaxer. Mais chez les fumeurs comme chez les personnes souffrant d’autres addictions, il y en a qui arrêtent puis qui rechutent (…) Même avec l’hypnose, la guérison n’est pas certaine mais on tente quelque chose. Certaines personnes sont plus hypnotisables que d’autres mais même chez celles qui résistent dans un premier temps, il y a toujours un chemin. Les exercices peuvent varier à l’infini. On peut pratiquement dire qu’il y a une méthode par patient. En hypnose, on apprend à suivre le chemin du patient.